Jeudi 2 mai 2024 |16h30|
Meeting room de la BIBLIOTECA BEATO PELLEGRINO
L’événement
Avec Les Lépreux, Anna Langfus a créé la première pièce en langue française sur la Shoah (1956). Par la suite, pour présenter la Shoah, Anna Langfus investira le genre du roman qui lui donnera une reconnaissance littéraire, en particulier grâce au Sel et le soufre et aux Bagages de sable. Le passage du drame au roman révèle qu’Anna Langfus recherche une adéquation entre le genre littéraire et la manière dont elle veut traiter sa problématique centrale qui articule le rapport entre la terreur nazie et les familles juives polonaises qui l’ont vécue. Il semble bien qu’elle trouve que le genre dramatique ne permette pas véritablement de dire l’étendue et l’intensité des persécutions, et qu’il ne favorise pas non plus l’expression de l’expérience intime de la terreur. Mais plus profondément, lorsqu’elle crée Les Lépreux, Anna Langfus hérite d’une forme théâtrale, celle du drame, qui est en crise depuis la fin du XIXe siècle et qui s’oriente de plus en plus vers le roman, en renonçant à la mimésis théâtrale et aux structures traditionnelles du texte dramatique. On parle de romanisation du drame. Dans cette communication, on analysera donc l’identité générique des Lépreux pour mettre en lumière les caractéristiques de l’écriture dramaturgique d’Anna Langfus. On examinera également les liens qui existent entre Les Lépreux et Le Sel et le soufre, afin de mettre en lumière les apports du roman par rapport au drame.
Jean Paul Dufiet
(Université de Trente)
Jean Paul Dufiet enseigne la linguistique française à l’Université de Trente. Il est spécialisé dans l’analyse du texte théâtral et la théorie du théâtre. Il a publié de nombreux articles sur Molière, Marivaux, Feydeau, Labiche, Gide, Drieu-La Rochelle, Delbo, Micone, Grumberg, Langfus, Lagarce et Koltès.